Atlantique Noir

Le terme «Atlantique noir » est une traduction du concept « Black Atlantic »  soutenu par le sociologue Paul Gilroy dans son livre intitulé The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness, paru en 1993 aux éditions Verso. Dans cet ouvrage l’auteur circonscrit la dynamique critique et culturelle qui s’est exercée et s’exerce encore au sein de la  communauté diasporique formée par les descendants d’Africains dans les Amériques et Caraïbes. Elles et ils ont en commun d’être issus d’une filiation qui a l’expérience de la traversée du «milieu», des ses conséquences,  et de son issue soit la dispersion au cœur même du système esclavagiste, dont les effets sont encore sensibles jusqu’à nos jours. « Black Atlantic » est une terminologie qui s’est muée en un concept qui opère comme un moteur épistémologique à l’adresse et à la compréhension de ce qu’a été cette expérience. De cette terminologie découle les termes définis ci-après.

Tout au long du  XVIIIème siècle, la dimension industrielle que prend la traite esclavagiste inaugurée par la colonisation européenne de l’Amérique dès 1515, place l’Afrique et les populations afro-descendantes déportées aux Amériques, dans les Caraïbes et les Mascareignes au cœur de pratiques de résistances et d’évasions qui donneront naissance à des modèles de luttes et de pensée de l’émancipation propres à ces expériences. Bien qu’être noir se décline différemment selon les pays, les époques, la classe sociale ou encore le genre et la sexualité, ce facteur commun s’avère suffisamment puissant pour nourrir une abondante littérature sur la « condition noire » dans des aires géographiques bien distinctes. Des pratiques politiques particulières, comme le marronnage, des luttes spécifiques comme l’abolition de l’esclavage ou les premières luttes pour les droits reproductifs connues comme celles pour le « droit des ventres » (possibilité pour les femmes esclaves de posséder leur enfant afin qu’il ne soit pas considéré comme la propriété du maître), le combat contre l’acculturation posent autant d’exemples de la place centrale occupée par les afro-descendants dans les mouvements d’émancipation. Ces modèles finiront par contaminer les modèles philosophiques européens et ont d’ores et déjà convergé vers d’autres luttes notamment au XIXème siècle avec celles des révolutions ouvrières.

Dans cette base de données, les revues indexées « Black studies » témoignent du fait qu’être noir participe d’un rapport au monde qui a été saisi dans une histoire aux spécificités sociales culturelles et politiques particulières. Elle a nécessité aussi la construction d’un modèle de résistance qui s’est autorisé des voies nouvelles notamment dans le domaine esthétique.