Abolitionisme

L’abolitionnisme est un courant politique transnational qui se développe chez les quakers états-unien dès 1740, mais prend de l’ampleur dans le dernier tiers du XVIIIème siècle en Angleterre. Il prône l’abolition de la traite esclavagiste et se diffuse peu à peu en France. Des Sociétés se créent pour demander l’arrêt du commerce d’esclaves, la plupart du temps au nom d’arguments moraux. Pour autant, l’abolitionnisme n’apparaît pas comme une véritable critique du projet colonial, mais plutôt comme une reforme de celui-ci, qui vise seulement à en supprimer son aspect le plus moralement répréhensible. Le XIXème siècle voit plusieurs salves d’abolition de l’esclavage, bien que dans les faits la fin effective du commerce et de l’achat d’esclaves soit souvent postérieure de plusieurs années à la promulgation des lois.

Si l’abolitionnisme mêlait des militant.e.s blanc.he.s et noir.e.s dans un objectif commun, l’histoire a davantage retenu le nom d’hommes politiques et hauts fonctionnaires. Ainsi, des intellectuel.le.s critiquent l’historiographie officielle des abolitions pour faire des révoltes et luttes d’esclaves elles-mêmes le moteur de leur émancipation. Parmi les critiques adressées au projet abolitionniste, la pratique du dédommagement des anciens propriétaires d’esclaves reste à ce jour très controversé. De même aux Etats-Unis l’abolitionnisme s’est parfois articulé à un projet qui a consisté à envisager l'expulsion des esclaves affranchis du sol américain pour un « retour » en Afrique sous l’égide de sociétés défendant la colonisation (Sierra Leone, Libéria), comme en témoignent le Liberia Herald (1826-1857), l'Africa’s Luminary (1839-1841) ou encore le Freedom’s Journal (1827-1829).