Mouvement chicano
Le terme « chicano » est utilisé pour désigner des états-unien.e.s avec une ascendance mexicaine, ou plus largement hispano-américaine. Les deux pays partagent une histoire d’hybridations culturelles sur deux-cents ans, marquée par la perte de plus de la moitié du territoire mexicain face à l’expansionnisme nord-américain dans les années 1840 (Californie, Nevada, Utah, Arizona, Colorado, Nouveau Mexique, Texas).
Si l’appellation est péjorative à l’origine, elle fut l’objet d’une réappropriation identitaire culturellement productive, intimement liée au mouvement des droits civiques aux États-Unis pendant les années 1960. Le Mouvement chicano eut des conséquences tangibles sur de multiples plans de la vie des hispanique en territoire états-unien : c’est une lutte politique, culturelle, linguistique, académique, mais aussi un courant artistique (musical et plastique) avec une audience internationale. Il porte des revendications ayant trait à des problématiques raciales (le mépris des populations d’origine hispanique), sociales (dont la discrimination au sein de l’université), culturelles (comme la valorisation du « spanglish », langue hybride mêlant espagnol et anglais) et de genre (à partir des années soixante-dix émerge un influent mouvement féministe chicana).
L’identité chicana fait du métissage son point névralgique : elle se construit sur une conscience de l’entre-deux, dans un va-et-vient incessant entre des frontières physiques et culturelles, et avec le sentiment fondamental d’une appartenance inachevée.
Le portail mondial des revues recense sept revues chicanas produites entre 1968 et 1997, qui témoignent des divers fronts de la lutte pour la valorisation et l’invention de la culture chicana.